Les médecines parallèles sont-elles efficaces ?

Les médecines parallèles, aussi appelées médecines alternatives, douces ou complémentaires, sont des pratiques de soins qui ne sont pas reconnues par la médecine conventionnelle. Elles regroupent des disciplines variées, comme l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie, la naturopathie, l’hypnose ou encore l’EMDR.Ces thérapies sont souvent utilisées par les patients qui cherchent à soulager des maux du corps ou de l’esprit, ou à compléter les traitements médicaux classiques.
Mais les médecines parallèles sont-elles efficaces ? Quelles sont les preuves scientifiques de leur intérêt ? Quels sont les risques et les limites de ces pratiques ? Cet article vous propose un tour d’horizon des enjeux et des débats autour des médecines parallèles.

Qu’est-ce qu’une médecine parallèle ?

Il n’existe pas de définition universelle et consensuelle de ce qu’est une médecine parallèle. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit de « pratiques de santé qui ne font pas partie intégrante du système propre du pays et qui ne sont pas intégrées dans le système dominant de soins de santé ». En France, la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) distingue trois catégories de pratiques non conventionnelles :

  • Les pratiques à visée thérapeutique, qui ont pour objectif de prévenir, diagnostiquer ou traiter une maladie ou un trouble. Elles comprennent par exemple l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie, la chiropraxie, la phytothérapie ou encore l’aromathérapie.
  • Les pratiques à visée non thérapeutique, qui ont pour but d’améliorer le bien-être ou la qualité de vie. Elles regroupent par exemple le yoga, la méditation, le tai-chi, le qi gong ou encore le reiki.
  • Les pratiques à risque de dérives sectaires, qui sont susceptibles de porter atteinte à la dignité, à la liberté ou à la sécurité des personnes. Elles sont répertoriées par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) sur son site internet (www.derives-sectes.gouv.fr).

Quelle est l’efficacité des médecines parallèles ?

L’efficacité des médecines parallèles est un sujet controversé et difficile à évaluer. En effet, ces pratiques reposent souvent sur des principes théoriques qui ne sont pas validés par la science, comme l’existence d’une énergie vitale, d’un équilibre entre le yin et le yang, ou encore d’une mémoire de l’eau. De plus, elles sont difficiles à tester selon les critères habituels de la recherche médicale, comme les essais cliniques randomisés en double aveugle. Enfin, elles sont souvent associées à un effet placebo, c’est-à-dire à une amélioration subjective du patient liée à sa croyance en l’efficacité du traitement.

Néanmoins, certaines études ont tenté d’évaluer l’efficacité des médecines parallèles sur diverses pathologies ou symptômes. Par exemple :

  • L’acupuncture, qui consiste à stimuler des points précis du corps avec des aiguilles, aurait un effet bénéfique sur la douleur chronique, les nausées, les migraines ou encore l’anxiété, selon plusieurs méta-analyses.
  • L’homéopathie, qui repose sur le principe de similitude (soigner le mal par le mal) et de dilution (plus le remède est dilué, plus il est efficace), n’aurait pas d’effet supérieur au placebo, selon une revue systématique de la Cochrane Collaboration.
  • L’ostéopathie, qui vise à rétablir la mobilité des structures du corps par des manipulations manuelles, aurait un effet modeste sur les douleurs lombaires, cervicales ou pelviennes, selon plusieurs études.
  • La naturopathie, qui propose une approche globale et préventive de la santé basée sur l’alimentation, l’hygiène de vie et l’utilisation de produits naturels, n’aurait pas fait la preuve de son efficacité sur aucune maladie, selon l’Académie nationale de médecine.
  • L’hypnose, qui consiste à induire un état de conscience modifié chez le patient pour lui suggérer des changements positifs, aurait un effet bénéfique sur la douleur, l’anxiété, le stress post-traumatique ou encore les addictions, selon plusieurs études.
  • L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), qui vise à traiter les traumatismes psychologiques par des stimulations bilatérales alternées (mouvements oculaires, sons ou tapotements), aurait un effet efficace sur le trouble de stress post-traumatique, selon plusieurs études.

Quels sont les risques et les limites des médecines parallèles ?

Les médecines parallèles ne sont pas sans risques ni limites. Il faut donc les utiliser avec prudence et discernement. Voici quelques précautions à prendre :

  • Ne pas se fier aux allégations publicitaires ou aux témoignages anecdotiques, mais se renseigner sur les sources scientifiques et les preuves disponibles.
  • Ne pas abandonner ou retarder un traitement médical conventionnel au profit d’une médecine parallèle, car cela pourrait aggraver la situation ou entraîner des complications.
  • Ne pas utiliser une médecine parallèle sans en informer son médecin traitant, car il pourrait y avoir des interactions ou des contre-indications avec d’autres médicaments ou traitements.
  • Ne pas se fier à un praticien qui prétend détenir la vérité absolue, qui critique la médecine conventionnelle ou qui propose des solutions miracles pour toutes les maladies.
  • Ne pas hésiter à signaler tout effet indésirable ou toute pratique suspecte aux autorités sanitaires compétentes.

Quelle est la place des médecines parallèles dans le système de santé ?

Les médecines parallèles occupent une place importante dans le système de santé français. Selon une enquête de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) réalisée en 2012, environ 40 % des Français ont recours aux médecines parallèles au moins une fois par an. Les raisons invoquées sont notamment le désir d’une approche plus personnalisée et plus globale de la santé, la recherche d’un meilleur confort de vie ou encore la déception vis-à-vis de la médecine conventionnelle.

Les médecines parallèles bénéficient également d’une certaine reconnaissance institutionnelle. En effet :

  • Certaines pratiques sont encadrées par des diplômes officiels ou des ordres professionnels, comme l’acupuncture, l’homéopathie ou l’ostéopathie.
  • Certaines pratiques sont remboursées en partie ou en totalité par l’assurance maladie ou les mutuelles, comme l’acupuncture, l’homéopathie ou certaines consultations chez un ostéopathe.
  • Certaines pratiques sont intégrées dans les hôpitaux ou les centres de soins palliatifs, comme l’acupuncture, l’hypnose ou la méditation.
  • Certaines pratiques font l’objet de recherches scientifiques financées par des organismes publics ou privés, comme l’acupuncture, l’hypnose ou l’EMDR.
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