Les médecines parallèles face à la science

Les médecines parallèles, aussi appelées médecines alternatives, sont des pratiques de soins qui ne sont pas reconnues par la médecine conventionnelle. Elles regroupent des disciplines variées, comme l’homéopathie, l’acupuncture, l’ostéopathie, la naturopathie, ou encore l’hypnose. Ces médecines sont souvent présentées comme des solutions naturellesholistiques et personnalisées, qui visent à rétablir l’équilibre du corps et de l’esprit.
Mais que penser de leur efficacité et de leur validité scientifique ? Quelle est leur place dans le système de santé français ? Quels sont les enjeux éthiques et juridiques qui les entourent ? Cet article vous propose de faire le point sur ces questions, en s’appuyant sur des sources fiables et documentées.

Une histoire ancienne et mouvementée

Les médecines parallèles ne sont pas une invention récente. Certaines d’entre elles remontent à des millénaires, comme la médecine traditionnelle chinoise ou l’ayurveda indien. D’autres sont apparues plus récemment, comme l’homéopathie, inventée au XVIIIe siècle par le médecin allemand Samuel Hahnemann, ou la chiropraxie, fondée au XIXe siècle par le magnétiseur américain Daniel David Palmer. Ces médecines ont connu des périodes de succès et de déclin, selon les contextes historiques, culturels et politiques. Elles ont souvent été en opposition avec la médecine conventionnelle, qui s’est imposée comme la norme à partir du XIXe siècle, grâce aux progrès de la science et de la technologie. La médecine conventionnelle se base sur des principes rationnels, expérimentaux et universels, qui visent à expliquer les causes des maladies et à proposer des traitements efficaces et validés. Les médecines parallèles, quant à elles, se fondent sur des croyances, des traditions ou des intuitions, qui ne sont pas toujours compatibles avec la logique scientifique.

Une popularité croissante et controversée

Malgré leur manque de reconnaissance officielle, les médecines parallèles jouissent d’une popularité croissante dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 80 % de la population mondiale a recours à une forme de médecine traditionnelle ou complémentaire. En France, selon un sondage réalisé en 2018 par l’Ifop pour Le Figaro Santé, 75 % des Français ont déjà eu recours à une pratique alternative au moins une fois dans leur vie, et 49 % y ont recours régulièrement. Les raisons de ce succès sont multiples : le désir de se soigner autrement, le refus des effets secondaires des médicaments, la recherche d’une approche plus globale et plus humaine de la santé, la défiance envers le système médical ou les autorités sanitaires, l’influence des médias ou des réseaux sociaux… Les médecines parallèles séduisent aussi bien les patients que certains professionnels de santé, qui les proposent en complément ou en alternative aux traitements conventionnels.

Mais cette popularité n’est pas sans susciter des controverses. Les médecines parallèles font l’objet de nombreuses critiques de la part des scientifiques, des médecins ou des institutions officielles. Ces critiques portent sur plusieurs aspects :

  • L’efficacité : les médecines parallèles n’ont pas fait la preuve de leur efficacité par des essais cliniques rigoureux et indépendants. Elles reposent souvent sur des principes invraisemblables ou contradictoires avec les connaissances actuelles. Par exemple, l’homéopathie repose sur l’idée que plus une substance est diluée, plus elle est active, ce qui va à l’encontre des lois de la chimie. L’acupuncture repose sur l’idée que le corps est parcouru par des flux d’énergie, appelés qi, qui n’ont jamais été mis en évidence. Les effets observés chez les patients qui ont recours aux médecines parallèles sont souvent attribuables à l’effet placebo, c’est-à-dire à la croyance en l’efficacité du traitement, ou à la relation de confiance avec le praticien.
  • La sécurité : les médecines parallèles ne sont pas sans risques pour la santé des patients. Elles peuvent entraîner des effets indésirables, des interactions avec d’autres médicaments, ou des complications graves. Par exemple, certaines plantes utilisées en phytothérapie peuvent être toxiques ou allergènes. Certains gestes pratiqués en ostéopathie ou en chiropraxie peuvent provoquer des lésions vasculaires ou nerveuses. Les médecines parallèles peuvent aussi retarder le diagnostic ou le traitement d’une maladie grave, ou dissuader les patients de se faire vacciner ou de suivre une thérapie efficace. Elles peuvent également être le vecteur de dérives sectaires, qui exploitent la crédulité ou la vulnérabilité des personnes en quête de bien-être ou de guérison.
  • La légitimité : les médecines parallèles bénéficient d’une tolérance ou d’une reconnaissance partielle de la part des autorités sanitaires, qui varie selon les pays et les disciplines. En France, certaines pratiques, comme l’homéopathie, l’acupuncture ou l’ostéopathie, sont encadrées par le code de la santé publique et réservées aux médecins ou aux professionnels de santé diplômés. D’autres pratiques, comme la naturopathie, la réflexologie ou le magnétisme, ne sont pas réglementées et peuvent être exercées par n’importe qui, sans contrôle ni sanction. Cette situation pose des problèmes d’éthique et de justice, car elle crée une confusion entre les praticiens qualifiés et les charlatans, et entre les pratiques fondées sur des preuves et celles qui relèvent de la croyance ou de l’illusion.
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